Je regarde au loin par ma fenêtre, admirant la vue imprenable que j’ai sur toute la ville. Il y a plusieurs siècles de cela je n’aurais jamais cru tout ça possible. Toute cette technologie est fascinante et je suis bien heureux d’arriver à vivre et à évoluer dans ce monde qui change. Au moins ici il n’y a aucun risque qu’on vous traite de sorcier et qu’on veuille vous brûler ou même noyer, beaucoup ont essayé et ils ont tous échoué. Je suis là et j’admire la vue de l’empire que je me suis bâti. Mes débuts n’ont pas été facile sur cette terre, j’avais une famille tout ce qu’il y a de plus ennuyeuse… et comme j’étais en quelque sorte différent, tout le monde me rejetait, j’étais considéré comme le vilain petit canard de la fraterie. Pourtant on ne peut pas dire que je suis laid, je me suis toujours trouvé très beau mais le problème qui gênait énormément à l’époque c’est que mes yeux ressemblaient plus à des yeux de chat qu’à des yeux humains. Quand je repense à ces moment-là, ou je rentrais en larme chez moi à cause d’un crétin qui s’était foutu de moi, de ma mère tentant de me consoler, je me dis que je n’étais vraiment qu’un faible à cette époque. Heureusement que l’immortalité que je possède m’apprend beaucoup et qu’on prend le temps de devenir quelqu’un de parfait… quelqu’un comme moi en fait. Toujours est-il qu’un jour j’ai demandé à ma génitrice ce qu’il y avait chez moi qui pouvait bien clocher. Même mon père ne m’adressait pas la parole et avait même l’air de me haïr alors que je ne lui avais jamais rien fait. « Matteo, il y a quelque chose que tu dois savoir… Si tu parais si différent des autres, c’est tout simplement que tu es quelqu’un de spécial. Ton vrai père n’était pas quelqu’un d’ordinaire, c’était un démon, je l’ai rencontré un soir alors que je travaillais à la taverne, au début je ne savais pas qui il était réellement, il me plaisait et je lui plaisais… même lorsque j’ai compris qui il était réellement, je n’ai pas eu peur et il est arrivé ce qui est arrivé… quelques mois plus tard tu étais là, et je découvrais que tu n’étais pas le fils de mon mari, mais d’un autre. Sauf que ça n’enlève rien au fait que moi je t’aime et que j’ai toujours voulu te garder auprès de moi.» Ses mots sonnaient encore dans ma tête alors que je me servais un verre d’un bon whisky. Ma mère m’avait révélé la vérité à l’âge de 10 ans, une révélation qui m’avait laissé sous le choc, je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi mon vrai père n’était pas resté, même si à l’époque, les démons n’étaient pas réputé pour être bien vu des autres, surement pour ça que tout le monde me regardait d’un mauvais œil. Je les laissais, je m’en fichais après tout du moment qu’on me laissait tranquille. J’ai toujours été du genre pacifiste à l’époque, juste avant cette nuit-là…

Alors que j’avais 17 ans et qu’il faisait nuit, je rentrais juste après le travail, mes frères s’étant engagés dans l’armée romaine pour servir Jules Césars et envahir la Gaulle, il n’y avait que moi et ma jeune sœur qui restaient encore à la maison, j’entendis un bruit en provenance de notre habitation. Je me précipitais, le cœur en alerte, me demandant bien ce qui pouvait bien se passer et lorsque je poussais enfin la porte, une vision d’horreur me frappa de plein fouet. Ma mère, celle qui m’avait toujours chéri se trouvait affalé sur le sol, le regard ouvert, du sang coulant abondamment d’une blessure à la tête. « Non ! » Je n’avais pas eu le temps de voir si elle était encore en vie qu’un hurlement se fit entendre dans la chambre. « Chiara… » Lorsque j’arrivais enfin dans la chambre de ma sœur, un homme me fit face, je ne savais pas qui il était, ni ce qu’il voulait mais une chose était sûr, il n’était pas commode. « Laissez la tranquille ! » L’homme, un sourire carnassier sur le visage s’approcha de moi d’une façon menaçante, son couteau luisant à la lumière des bougies. Il se mit à ricaner. « Ce n’est pas un freluquet dans ton genre qui va me dire ce que je dois faire ! Je veux mon argent que Castello me doit ! Ou est-il ? » Son argent ? De quoi parlait-il ? Père nous avait dit avoir payé le loyer et les impôts mais je n’étais pas au courant qu’il devait de l’argent à quelqu’un d’autre. « De quoi vous parlez ? Qu’est-ce que vous avez fait à ma mère ? » Chiara était blotti contre le mur, toute tremblante de peur, sa peluche dans ses bras et je pensais à ce que cet individu aurait pu lui faire. Il avait failli lui faire du mal, il en avait fait à mère et maintenant, il était prêt à s’en prendre à moi alors que je ne sais même pas de quoi il parle, en tout cas, il allait regretter d’être venu ici. « Elle ne voulait pas me donner l’argent, j’en ai juste fait un exemple pour les prochains qui ne voudront pas me rembourser. » Je n’éprouvais aucune peur en le regardant, je savais qu’il ne me ferait rien, il n’allait pas en avoir le temps. Je regardais le couteau qu’il avait toujours en sa possession et concentrais toute mon énergie dessus, la faisant voler dans les airs avant de le plaquer lui contre le mur avec une force inouïe, et tout ça sans le toucher, mettant sa dague juste en dessous de sa gorge. « Chiara ? Ferme les yeux et bouche toi les oreilles et compte jusqu’à 20 ma puce, je n’en ai pas pour longtemps. » Je ne voulais pas qu’elle voit ça, mais je ne pouvais pas laisser cette ordure s’en tirer alors qu’il avait tué notre mère, et peut être sous les yeux de ma sœur en plus ! Je n’avais jamais été quelqu’un de colérique ou même de haineux, sauf que cet abruti me donnait des envies de meurtres. Ce dernier commençait à avoir peur et se mit à me supplier de le laisser en vie, sauf que je ne l’écoutais pas et la dague lui trancha la gorge d’un seul coup, je le regardais se vider doucement de son sang et suffoquait alors que sa vie s’éteignait sous mes yeux. « J’espère que tu t’amuseras bien en enfer… » Je pris doucement ma sœur dans les bras, veillant à ce qu’elle ne regarde pas le corps de l’homme par terre ou même celui de notre pauvre mère…

A ce souvenir, mon corps trembla doucement, il m’arrivait parfois d’y repenser quand c’était la date d’anniversaire ou tout avait basculé, à l’époque j’avais compris assez tôt que les enfants de démon avait des pouvoirs assez extraordinaire, je m’étais beaucoup documenter sur la question et je m’étais exercé en compagnie de ma sœur, à qui je m’amusais à lui faire voler ses peluches pour la faire rire, elle avait toujours adoré ça. Si bien que le jour ou cet homme avait débarqué, je n’avais pas hésité un seul instant avant d’agir. Ma sœur et moi étions parti de l’Italie après ça, ou nous avions voyagé jusqu’à Londres. J’ai veillé sur elle jusqu’à ce qu’elle devienne une grande et belle jeune femme, alors que moi je n’avais pas changé d’un millimètre, nous nous amusions à dire à tout le monde que nous étions jumeaux, jusqu’au jour où nous ne pouvions plus continuer comme ça. « Tout le monde va savoir que tu n’es pas humain si nous restons encore ici Matteo… nous devrions partir sans plus tarder, pourquoi pas dès ce soir ? Jack connait quelqu’un qui pourrait nous faire un bon prix sur un bateau et… » Chiara avait toujours été magnifique et m’avait toujours soutenu en connaissant ma nature, elle ne m’avait jamais trahi, sauf que je ne pouvais pas lui dire de me suivre alors qu’elle avait rencontré Jack, un homme qui avait les moyens de la rendre heureuse, je l’avais rencontré et il m’avait fait fort impression. Sauf qu’il était pour moi le temps de partir mais sans elle. « Je ne peux pas Chiara… enfin oui je partirais mais toi tu vas rester ici, tu as un avenir avec Jack, je partirais seul. » Lui avais-je dit en essayant de camoufler la tristesse qui m’envahissait, je n’avais pas envie de la laisser mais elle était entre de bonnes mains, je pouvais partir l’esprit tranquille. « Quoi ? N… non je ne peux pas te laisser partir ! Tu es mon frère… je ne veux pas te quitter ! » Elle me prend le bras, comme pour m’empêcher de m’en aller tout de suite. Je pose ma main sur la sienne, tentant de la rassurer. « J’aimerais rester moi aussi, mais je ne peux pas, les gens vont penser que je suis un démon et tenteront de me tuer sans même comprendre que je ne leur veux aucun mal… toi tu ne risques rien, tu seras heureuse ici c’est tout ce qui compte, de plus Jack veillera sur toi. » Je sors de ma poche un bracelet que je lui mets dans la main. « Il appartenait à notre mère, garde le précieusement, tu le donneras en guise d’héritage à tes enfants, je m’assurerais qu’ils soient tous en sécurité tant que je resterais en vie, c’est une promesse que je te fais. » Je la sers dans mes bras, elle pleure déjà, moi pas, je m’efforce de ne pas montrer à quel point ça me déchire le cœur de m’en aller sans elle mais je lui gâcherais la vie…

Je me ressers un verre avant de regarder l’heure, il était temps de faire un tour dehors sinon j’allais devenir fou, j’aime beaucoup le luxe dans lequel je me suis habitué à vivre mais une bonne ballade histoire de prendre l’air ne fait pas de mal pour autant, surtout ce soir. J’avais tenu la promesse que j’avais faite à ma sœur, avec tout ce que je gagnais actuellement, je payais un détective privée évidemment qui me donnait des nouvelles de temps en temps de ses descendants. Partir sans elle avait été très dur mais c’est une décision que je ne regrettais pas, elle avait fondé une famille avec son Londonien et moi j’avais voyagé dans le monde entier, profitant de mes voyages, en particulier avec certains habitants. Même si les femmes m’attiraient énormément, j’avais fini par m’en lasser, de temps à autres je ne me refusais jamais d’avoir une aventure de temps à autre mais au fil des années, et des siècles, je m’étais trouvé une préférence pour les hommes, et je dois avouer que c’était d’autant plus jouissif de voir à quel point ceux qui se disent hétéro, ne le sont pas en réalité. De plus j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres créatures de la nuit, apprenant beaucoup plus sur le monde qui m’entouraient, développant ainsi mieux mes capacités. En entendant des grognements et des cris venant non loin des docks, ma curiosité me piqua à vif et je décidais d’aller m’y rendre. En voyant les voitures des flics un peu partout plus une ambulance, je me doutais que quelque chose de grave était arrivé mais quoi ? Était-ce une simple affaire humaine ou quelque chose lié aux créatures obscures ? Pas que je me sentais concerné en quoique ce soit mais je n’avais encore envie de supporter la gueguerre inutile des Shadowhunter contre les autres créatures, en mille ans d’existence tout ceci commençait sérieusement à m’ennuyer. On avait déjà bien assez à supporter avec les démons qui venaient ici, pas la peine de rajouter une autre affaire surnaturelle dans le lot, les humains étaient déjà bien trop méfiant de nature. Caché derrière un mur j’observais toujours la scène, et c’est là que je le vis… avec ses yeux bleus, son uniforme de flic, son bras maculé de sang et l’énorme grimace douloureuse qu’il faisait, j’eus envie d’en savoir plus sur ce qui s’était passé avec ce flic. Vu les grognements que j’avais entendu, il s’était soit fait mordre par un gros chien, ou surement par un loup, en tous les cas, quelqu’un devrait sans doute garder l’œil sur lui… je crois que je vais devoir me porter volontaire, mais pourquoi ? Ça je ne sais pas…